Sommaire
1. Anatomie et fonctionnement des muscles du dos
2. L’influence de la morphologie musculo-tendineuse
3. Que faire si je ne sens pas mes muscles du dos travailler ?
4. Le travail en unilatéral pour muscler le dos
5. Programme de musculation pour le dos
1. Anatomie et fonctionnement des muscles du dos
Bien qu’il existe de nombreux muscles dans le dos (voir rubrique anatomie du site), nous allons nous concentrer dans cet article sur ceux qui offrent le plus grand potentiel de développement en musculation, à savoir : Le grand dorsal, le grand rond, l’infra-épineux et les trapèzes. Ce sont eux de part leur taille importante, qui procurent la majeure partie de la force et du volume musculaire dans le dos.
Le grand dorsal tout comme le grand rond sont deux muscles distincts, tandis que les trapèzes peuvent se différencier en trois faisceaux (supérieur, moyen, inférieur), qui vont tous avoir des fonctions distinctes. Les muscles du dos vont également agir de concerts dans de nombreuses actions sportives, essentiellement lors des mouvements de « tirage ».
Les photographies de culturistes et de strongmen professionnels sont utilisés. Elles vont nous servir de support afin d’illustrer les principaux muscles du dos. Le niveau de développement musculaire présenté n’est bien sûr pas atteignable dans le cas d’une pratique de la musculation sans dopage.
Samir Bannout
Grand dorsal
Grand rond
Infra-épineux
Trapèzes
A. Les trapèzes
Les trapèzes, du fait leur implantation plus au centre du corps, participent à « l’épaisseur du corps ». Chez les athlètes qui lèvent souvent les bras en l’air, un déficit de force du faisceau inférieur des trapèzes est souvent observé. Il est associé à un risque accru de blessures à la coiffe des rotateurs. Les trapèzes inférieurs et moyens ont donc également un rôle préventif1 car ils permettent de redresser la posture du corps en vue de profil. Ils diminuent les douleurs à la nuque2 et participent à la stabilisation des épaules et des omoplates3.
De ce fait, un équilibre de force entre le faisceau supérieur et inférieur est à rechercher, car c’est précisément ce déséquilibre qui favorise l’apparition des blessures aux épaules. Renforcer le faisceau moyen et inférieur des trapèzes doit donc une des priorités dans son entraînement de musculation. Le rôle et les les actions spécifiques des trapèzes sont décrits ici.
Les trapèzes participent au redressement de la posture
B. Le grand dorsal
Le grand dorsal est considéré comme le muscle du grimpeur. C’est un muscle relativement plat et couvrant la majeure partie du dos. En vue de face et de dos de par ses insertions et couplé au muscle grand rond, il donne une forme en « V » au corps (illustration 1). On dit souvent qu’il participe à la « largeur du corps ».
En raison de l’implantation de ses fibres musculaires externes, l’augmentation du diamètre de ce muscle donne une impression de forme en « V »4 ou « d’ailes » en vue de dos et de face. A l’inverse, les fibres musculaires les plus internes (situées proche de la colonne vertébrale) de par leur implantation, participeront comme les trapèzes à donner davantage d’ « l’épaisseur au corps » en vue de profil.
Bien qu’un travail « localisé » ou « régionalisé » du grand dorsal est possible entre les fibres internes et externes du grand dorsal5, dans la pratique ce ne sera pas simple de localiser une partie de ce muscle. Nous détaillerons comment la favoriser plus bas dans l’article.
Jón Páll Sigmarsson Strongman de dos
C. Le grand rond
Le grand est un petit muscle qui agit en synergie avec le grand dorsal dans les mouvements de tirage malgré que l’un ou l’autre peut prendre l’ascendant. Il participe également à donner une forme en « V » au corps en vue de dos.
Deux athlètes ne pourront pas recruter leurs muscles de la même manière avec un même exercice de musculation. Il faut donc tester ce qui nous correspond et varier les angles de travail .
Pour mieux comprendre les différences interindividuelles, nous avons identifié dans les chapitres qui suivent les principaux facteurs à prendre à compte dans le travail du dos.
Le grand rond de Samir Bannout entouré en rouge
D. L’infra-épineux
L’infra épineux est un muscle visible de dos. Son rôle est d’assurer la stabilité de l’épaule et d’éviter le décentrage de la tête de l’humérus vers l’avant. Son renforcement passe par la réalisation de rotation externe de l’épaule. Ce travail correctif est indispensable pour limiter le risque de blessures en musculation et doit être envisagé dès le début de sa pratique physique.
L’infra-épineux de Mike Christian entouré en rouge
2. L’influence de la morphologie musculo-tendineuse
A. L’influence de l’anthropométrie sur le recrutement des muscles du dos
Un muscle s’attache sur l’os par l’intermédiaire de 2 tendons : Un côté proximal situé le plus proche du centre du corps et un côté distal situé le plus à l’extérieur du corps. En fonction des individus, ces tendons peuvent s’insérer plus ou moins hauts sur l’os et l’insertion du grand dorsal comme des autres muscles varie d’une personne à l’autre.
Pour le grand dorsal, si le muscle s’attache très bas sur l’humérus (vers le coude), cela accentuera la forme en « V » et donnera un meilleur levier pour son recrutement dans tous les mouvements de « tirages ». Concernant les insertions proximales du grand dorsal, plus elle seront basses sur la colonne et plus le grand dorsal couvrira une grande partie du dos d’autant plus si le buste est court donnant l’impression d’un dos énorme.
La longueur des clavicules notamment a une influence directe sur la largeur d’épaule. Plus la personne aura des clavicules longues et plus le grand dorsal et le grand rond seront en forme de « V ». Cette prédisposition est innée.
A l’inverse pour les trapèzes, plus les clavicules seront courtes plus le faisceau supérieur montera davantage vers les oreilles et participera à donner un aspect plus musclé au cou.
De plus, de part le meilleur levier, il pourra exprimer plus de force (voir article les différents facteurs de la force).
Bill Kazmayer relativement étroit d’épaules avec des trapèzes supérieurs en point fort
Jón Páll Sigmarsson relativement large d’épaules avec le grand dorsal en point fort
3. Que faire si je ne sens pas mes muscles du dos travailler ?
A. La forme d’exécution des exercices pour le dos
La première piste à explorer est de revoir sa forme d’exécution. Il n’est pas rare de tirer majoritairement avec les bras lors des mouvements de « tirages ». Il est impératif d’effectuer un mouvement d’omoplate plutôt que de bras pour travailler les muscles du dos car le grand rond et les trapèzes s’y insèrent. De plus, afin de s’assurer que le muscle souhaité travaille correctement lors de nos mouvements, il faut sentir une congestion localisée dans le muscle lors de la réalisation de séries longues. Dans le cas du grand dorsal, si les bras, les trapèzes, ou tout autre muscle congestionne, le muscle ne pourra pas se développer car il n’est pas suffisamment actif durant le mouvement sélectionné.
B. D’abord progresser sur des mouvements polyarticulaires pour muscler le dos
Quand on débute, plutôt que de se préoccuper des détails, il faut d’abord s’assurer d’être suffisamment fort sur les exercices globaux avant de vouloir isoler un muscle en particulier. Ou autrement dit, si je ne parviens pas à faire de tractions, il est inutile de chercher des techniques spécifiques pour le travail du grand dorsal car il n’est clairement pas suffisamment fort, ni suffisamment développé pour pouvoir y songer.
Une fois que l’on a développé une certaine force générale sur les mouvements polyarticulaires de tirage, si l’on constate que certains muscles sont toujours sous-développés ou bien que l’on ne sent pas son dos travailler, il y a fort à parier que progresser continuellement en charge ne sera pas la bonne solution.
Au contraire cela risque d’aggraver le manque d’activation de certains muscles au détriment d’autres.
C. Jouer sur l’amplitude de mouvement pour muscler efficacement son dos
Dans les exercices polyarticulaires, plusieurs groupes musculaires interviennent dans les mouvements de « tirages » comme les Biceps, la longue portion des triceps, le grand rond, le grand dorsal ou les trapèzes.
En limitant l’amplitude de nos mouvement, il est possible de favoriser le recrutement d’un muscle en particulier. Le travail de traction partielle (où on ne monte pas le menton au dessus de la barre), va mettre l’accent sur le grand dorsal/grand rond, au détriment des bras et des trapèzes.
Mouvement de traction partielle
Robby Robinson
En variant l’angle de travail il est également possible de favoriser le recrutement de certains muscles. Par exemple en redressant un dossier pour le travail horizontal, ou en se positionnant de manière oblique pour effectuer un tirage vertical le recrutement musculaire risque de varier pour le meilleur ou bien le pire.
Tirage oblique à la poulie haute à un bras
D. La position des coudes durant un mouvement de musculation pour le dos influence le recrutement musculaire
Sur les tirages verticaux : Varier l’écartement des bras pour avoir les coudes plus ou mois proches du corps durant la phase de tirage va faire varier le recrutement musculaire. De manière générale sur les tirage verticaux, plus les coudes vont s’écarter du corps et plus le recrutement des muscles responsables de la largeur du dos à savoir, le grand rond et le grand dorsal vont être impliqués dans le mouvement. A l’inverse, plus les coudes se rapprochent du corps durant la phase de tirage et plus le centre du dos responsable de l’épaisseur à savoir, les fibres internes du grand dorsal et les trapèzes vont participer à l’effort.
Sur les tirages horizontaux : Varier l’écartement des bras sur les tirages horizontaux va avoir la même incidence sur le recrutement musculaire. Mais à l’inverse, plus les coudes vont s’écarter et plus le centre du dos va être recruté (trapèzes et fibres internes du grand dorsal). A l’inverse, plus les coudes vont être proches du corps et plus les muscles de la largeur du dos vont s’activer (grand dorsal, grand rond).
À noter que varier la prise lors des exercices de tirage impacte directement la position des coudes, ce qui modifie l’engagement des muscles sollicités. L’utilisation d’accessoires, tels que des sangles pour ne pas être limité par la force de saisie ou des poignées adaptées, peut être bénéfique pour réduire les contraintes sur les articulations des poignets, particulièrement dans certains angles de tirage. La prise en supination, notamment, demande une attention particulière : évitez de tendre complètement les bras en supination, car cela peut augmenter le risque de blessure au niveau des biceps.
Sangles de tirage
Poignée de tirage
Accessoires de tirage prime
E. Peut-on vraiment localiser le travail du grand dorsal quand on muscle le dos?
Même si le grand dorsal est un seul muscle, il ne se contracte pas de manière uniforme et dans son entièreté durant nos exercices. Comme pour les autres muscles, une ou plusieurs parties va préférentiellement s’activer durant un mouvement. C’est ce que l’on appelle la « régionalisation musculaire »5. Mais est-ce possible de favoriser le recrutement de la partie interne ou externe du grand dorsal? Dans la mesure où les fibres ne vont pas tout à fait dans le même sens, la partie interne faisant plutôt parti des muscles responsable de l’épaisseur du dos alors que la partie externe fait partie de sa largeur. Comme la fonction du grand dorsal n’est pas uniforme, le recrutement variera en fonction des paramètres précédemment cités.
4. Le travail en unilatéral pour muscler le dos
Effectuer des mouvements bilatéraux présente l’avantage de gagner du temps et souvent en simplicité, en raison du peu de matériel nécessaire : une barre de traction, une barre de musculation.
En unilatéral, le trajet de l’omoplate est supérieur car l’on peut l’avancer de manière plus prononcée vers l’avant et la tirer davantage en arrière, comme c’est le cas pour le tirage horizontal à l’haltère. Si l’omoplate manque de mobilité ou si les muscles du dos font l’objet d’un manque de sensation ou de développement, l’unilatéral apparaît comme la solution pertinente et facile à mettre en place.
Pour la plupart d’entre nous, nous ne sommes pas symétriques. Une clavicule ou un avant bras plus long par exemple. Souvent cela n’a que peu d’impact sur nos mouvements. Mais si une trop grande différence entre les deux côtés existent, le recrutement musculaire va en être affecté.
Travail unilatéral ou bilatéral possible à la machine de rowing
5. Programme de musculation pour le dos
Pour un travail efficace du dos, il est important de cibler huit muscles principaux : l’infra-épineux, les trapèzes moyens et inférieurs, les trapèzes supérieurs, le grand dorsal (fibres internes et externes), les lombaires, ainsi que le grand rond.
Toutefois, réaliser huit exercices lors d’une seule séance peut s’avérer contreproductif, car la fatigue entraîne une diminution progressive de la force. Il est donc préférable de répartir l’entraînement du dos sur plusieurs séances dans la semaine, afin de prioriser certaines zones musculaires ou d’en cibler certaines tout en en laissant d’autres de côté selon les séances pour un travail complet et optimal.
Le renforcement des muscles du dos est essentiel, quel que soit l’objectif visé en musculation. Pour prévenir les blessures, il est crucial de maintenir un équilibre de force entre les muscles agonistes et antagonistes, afin de garantir la longévité de la pratique sportive. L’une des principales difficultés de l’entraînement du dos réside dans les tensions générées sur la colonne vertébrale, une structure déjà vulnérable même en dehors de la pratique sportive. Eviter de pencher le dos avec du poids, les vrilles latérales et utiliser des exercices et des machines sécuritaires aides à la longévité. Il est nécessaire de limiter au maximum ces contraintes lors des exercices, car si les fortes tensions sur la colonne peuvent contribuer au développement musculaire, elles entraînent une usure progressive des articulations.
Le reverse hyper décompresse la zone lombaire tout en musclant le bas du dos
A. Programme générique pour la prise de muscle dans le dos avec un accent particulier sur l largeur du dos
–Rotation externe de l’épaule à la poulie*6 à 20 répétitions
–Traction en prise pronation à la barre fixe*6 à 20 répétitions
–Tirage horizontal à un bras à la machine*6 à 20 répétitions
–Tirage horizontal à l’haltère*6 à 20 répétitions
–Extension du buste *10 à 20 répétitions
B. Programme générique pour la prise de muscle dans le dos avec un accent particulier sur l’épaisseur du dos
–Rotation externe de l’épaule à la poulie*6 à 20 répétitions
–Traction en prise neutre à la barre fixe*6 à 20 répétitions
–Tirage horizontal buste penché à la barre*6 à 20 répétitions
–Shrug*6 à 20 répétitions
–Reverse hyper *10 à 30 répétitions
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Bonne lecture et à bientôt,
Mathieu.